« L’argent : c’est l’antéchrist ! »

le banquier représenté  par Honoré Daumier (1835) " le riche est gros parce qu'il fréquente les endroits où l'on s'en fourre jusque là"Selon Charles Péguy, l’argent supprime l’éthique en faisant croire qu’il est une éthique : la morale bourgeoise en prônant l’épargne et le travail produit une contrefaçon de la morale avec un ascétisme fait de vénalité  quand ce n’est pas d’avarice ! On risquait moins avec la volupté et la concupiscence : elles sont trop instables pour prétendre s’instituer en loi et édicter des règles de vie.  Pour Charles Péguy le triomphe du capitalisme entérine une triple mort :

La mort de la morale (dans une contrefaçon de l’ascétisme) ;

La Mort du métier, de l’amour du travail

La mort de l’attention au présent : «  le journal tue l’événement »

La mort du « faire œuvre »

 Dès que l’obsession de l’enrichissement a contaminé les couches les plus modestes de la société, le travailleur n’aime plus son métier et cela ébranle le monde.

Parce que l’économie traite le travail comme valeur de bourse, le travailleur lui-même s’est mis à traiter son propre travail comme valeur de bourse. Marx en avait déjà fait le constat quelques années plus tôt : une double indifférence caractérise le capitalisme :

«  le journal tue l’événement »

Le journal se nourrit d’évènements] et donc les digère aussi vite qu’il les déniche : le nouveau « scoop » chasse l’ancien, l’esprit du public sans cesse tenu en haleine par  les feux de l’actualité oublie de penser, de s’appesantir, de prendre le temps d’une réflexion en profondeur. Le flux de l’actualité emporte les consciences sans qu elles n’aient eu le temps d’amarrer leur réflexion à des argumentaires éprouvés. Le journal nous gave d’événements mais aucun n’a bénéficié d’une attention capable de générer, avec une prise de conscience éclairée, une volonté d’action et un engagement qui se pérennise dans le temps. Dans le traitement de l’actualité par le Journal aucun événement ne nous requiert toute affaire cessante.