Alien Etymologie : alienare : rendre étranger, rendre autre ; dérivé d’alienus : autre, lui-même dérivé d’alias ( alibi) : ailleurs . |
Autrui, comme le « x » dans une équation, l’inconnue.
Mais le véritable autre c’est l’alien, le horla , et non pas autrui.
Les aliens existent-ils ? Là n’est pas la question...
On peut toutefois faire deux remarques :
1)L’humanité dépense des milliards dans l’espoir de rencontrer des traces de vie dans l’univers et serait sans doute, terriblement effrayée d’en découvrir des manifestations intelligentes :
- soit de peur que les aliens ne nous considèrent comme des proies :
- soit par crainte que notre propre dysharmonie et notre avidité nous condamnent aux yeux d’une forme d’intelligence plus développée.
2) Même si on pense que les aliens sont générés par l’imagination et les angoisses humaines, il demeure qu’ils représentent un pôle de signification. Nous vous recommandons à ce propos : Viva la vie de Claude Lelouch….
Face à l’inconnu de l’alien, le sujet qui craint sa présence développe une méfiance absolue. L’alien incarnant la puissance de l’inconnu, est par définition capable de tout ce qui peut surprendre ma vigilance. J’investis alien de la capacité de faire tout ce que moi sujet humain je ne peux ni faire ni même envisager comme possible. La terreur est maximale, je pressens que tous les objets de monde ; les ustensiles derrière lesquels je pourrais m’abriter peuvent être abolis comme protection et détournés à mes dépens par la puissance de l'alien. Telle est la peur de l’inconnu dans sa plus totale expression. Par cette panique, les scènes d’intérieur les plus banales s’imprègnent de potentialité terrifiante. C’est le moteur du suspens !Tout semble normal : par où la « chose » va-t-elle surgir ?
On sait, d’avance, de façon abstraite et théorique, ce qu’on peut craindre des hommes en général (ou espérer d’eux) d’où l’impression de banalité, et de triste prévisibilité des affaires du monde, du moins pour un regard extérieur, c’est à dire désintéressé (entendez le retrait, le recul critique signifié par le terme « des- inter -esse » c’est à dire justement retiré des relations qui nous mêlent aux autres et qui nous aveuglent dans et par cette proximité.
* Pour l’observateur étranger (le moraliste à sa table de travail) les comportements sont prévisibles « nihil novi sub sole » :Il y a des ambitieux et des cyniques, des amoureux transis, des coquettes et de galants. Il y a des gagnants et des perdants, des traîtres et des trahis C’est un des leit motiv de la littérature de Cour au XVIème ET XVIIème.
*Pour l’individu pris dans les relations : les intentions véritables d’autrui sont toujours inconnues « il faudrait des sous -titres » C’est du moins l’évidence de Lelouch dans Hasards et coïncidence. C’est aussi la leçon d’un road movie de Sophie Calle No sex last night où deux quasi-inconnus décident de traverser ensemble les Etats Unis d’est en ouest en filmant chacun la traversée et en restant totalement libre du discours en voix Off. La confrontation des deux films prouve l’ hiatus qui sépare souvent ce qui est dit de ce qui est ressenti, pensé, vécu.