Déclinez toutes les expressions approchées, laissez-vous porter par votre imagination, « Ratissez » large : toute votre culture ( historique, littéraire, religieuse, cinématographique) et votre bon sens pratique sont en éveil. Jouez aussi les synonymes, les antonymes et surtout poussez jusqu’au bout toutes vos hypothèses pour voir les conséquences de vos positions…
Par exemple, face à la question : Peut-on dire qu ’un être vivant est une erreur de la nature ?
Si vous rassemblez des arguments affirmatifs, soyez conscient que cela conduit à accepter l’élimination pure et simple de ces individus considérés comme des erreurs (eugénisme) ….
Dites- vous d’emblée que si la question est posée comme sujet de devoir, c’est que la réponse n’est pas simple. La première solution de réponse, celle qui semble s’imposer à vous avec évidence est forcément insuffisante, il faudra la nuancer, voir ses limites : ce sera l’occasion d’ouvrir un autre champ de perspective ( une seconde partie…).
En général défaites-vous des expressions : « Il est clair que … », Rien n’est jamais si clair ni évident en philosophie, il y a toujours des raisons de pousser plus avant l’analyse ! Soyez futé et circonspect.
Concrètement quand le sujet prend la forme d’une question déjà rédigée ( et non d’un simple concept ou d’une juxtaposition de concepts), il faut chercher par quel type d’argument on peut répondre oui à la question, et par quel autre type d’argument on peut répondre non et présenter ainsi le problème en introduction, c’est ce qu’on appelle la Problématique. Elle révèle une opposition frontale entre deux thèses également argumentables. Le développement devra aboutir à un dépassement de cette opposition frontale, une résolution du problème qui montre que vous avez saisi à la fois :
- la partialité des deux analyses ;
- leur complémentarité ;
- et en quoi elles méritent toutes deux d’être enrichies, c’est à dire dépassées dans une troisième partie.
Pour le dire schématiquement :
Le développement ne peut pas obéir à la triade
1)oui
2)non
3)peut-être bien qu’oui, peut-être bien que non !
Vous ne devez jamais vous contredire, vous devez pouvoir argumenter solidement tout ce que vous écrivez. Il est contraire à l’esprit de l’exercice de développer une première partie qui ne tient pas debout pour la déconstruire ensuite….
Quand le sujet de dissertation se présente sous une autre forme ( notion isolée, deux ou plusieurs notions juxtaposées, une citation) il faut faire surgir vous-même une question qui se prête à une analyse problématique. Voyez dans la présentation du thème « autrui » notre travail sur l’animal et l’autre…
Une évidence à garder toujours en mémoire avant de prendre la plume :
L’écriture est un type de communication faillée par l’absence :
Le lecteur n’est pas présent au moment de l’écriture, et celui qui rédige n’est plus présent à la lecture pour défendre sa copie ( Votre devoir doit donc se défendre par lui-même par la qualité de ses arguments)
En conséquence, en situation de concours, l’étudiant qui rédige doit sans cesse garder à l’esprit le souci du lecteur :
Trois obsessions :
1)S’ennuie-t-il ? ( parce que je répète les mêmes idées sans avancer) ;
2)Me comprend-il ? (suis-je assez précis dans l’usage des concepts ;
3)Est-ce que je n’élude pas une objection de bon sens qui lui brûle la langue !
CE QU’IL FAUT FAIRE |
CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE |
· Partir du (des ) contexte(s) dans le(s)quel(s) la question se pose · Prendre le sujet comme un tout et pointer les rapports entre les notions · « la pensée est le dialogue de l’âme avec elle -même »Votre devoir doit être animé par le souffle de votre réflexion. Vous dialoguez avec vous-même, vous mettez toute votre intelligence et votre culture au service d’un premier point de vue (ainsi vous l’argumentez et vous l’illustrez) et quand vous avez épuisé tout ce que vous pouvez dire en sa faveur, vous jouer l’avocat du diable et vous pointez les limites de cette position. Vous formulez ainsi une objection qui sert de transition vers une nouvelle partie et ainsi de suite · ( En 4 heures il est matériellement difficile d’organiser, d’argumenter et d’illustrer plus de 3 points de vue sur la question) . |
· Commencer par des banalités insipides que vous pourriez replacer quel que soit le sujet · désarticuler le sujet en étudiant séparément les notions qui le composent · Juxtaposer les parties par argument d’autorité ( Platon a dit que mais Descartes, lui, pense que…) · Changer de ton en conclusion : « Quant à moi je pense que… » Comme si un autre que vous s’était exprimé jusque là ! |
Deux exemples de plan sur un même sujet :
Peut-on exister sans les autres ? |