"Le sommeil de la raison produit des monstres" les Caprices (799), Frabcisco Goya (1746-1828)
Filmographie sur le mal 

Cette rubrique présente des films à l’affiche  et des vidéos sur le thème du mal .
 
EN SALLE
Dancer in the dark De Lars Von Trier, 

Palme d’Or et Prix d’interprétation féminine pour Björk au dernier festival de Cannes.

Ou comment la musique irréalise le mal…
« Dans une comédie musicale, rien de tragique ne peut arriver »
 Le genre délibérément désuet de la comédie musicale prend  ici toutes ses lettres de noblesse.  L’histoire  n’est pas – comme souvent-  le prétexte  à  la chorégraphie et à la chanson :  le drame de Selma justifie essentiellement le besoin de s’évader de cette réalité  trop dure.

 Le chant libère de l’angoisse, le chant chasse les démons comme les enfants chantent spontanément dans les bois obscurs ou les appartements vides, pour tromper leur peur. Le sordide du travail à la chaîne, la nuit irrévocable de l’aveuglement, le deuil de sa vie de femme, la perte de son enfant, tous  ces drames sont exorcisés par la légèreté entêtante  des comédies musicales que Selma s’invente.

 « Il y a toujours des bras pour  me rattraper »… Quelle suprême ironie : alors que Selma sait qu’elle est recherchée par la police, elle se laisse prendre au piège de la chorégraphie, elle chante son arrestation et la dédramatise. Ces bras  qui l’emportent, elle les désire, elle n’y résiste pas. « Fais librement ce que tu dois nécessairement faire » cette grave sagesse stoïcienne Selma la digère en musique. Le rythme qui emporte l’âme et le corps rend léger et facile les pires acceptations. Dans le couloir qui la mène à la mort, l’esprit dansant de Selma sautille virevolte,  ralentit puis devance la marche de son escorte. Dans ces interstices, elle épouse les mains et les bras qui se tendent à elle ; elle se donne à tous les hommes qu’elle ne connaîtra pas.  Légère dans l’étreinte, elle s’attarde pour mieux s’envoler. Par la danse de son imagination ( et la complicité « frappante » de sa gardienne) c’est à son rythme que Selma s’est avancée vers la mort.

Lars von Trier par ce film triste (pour ne pas dire larmoyant) sauve la comédie musicale de la puérilité dans laquelle ce genre s’est trop souvent abîmé.

  Harry, film de Dominik Moll
un ami qui vous veut du bien…

Il n’y a pas de problème, il n’y a que des  solutions… Même si vos parents ne sont que « raisonnablement casse-couilles », Harry saura vous en débarrasser et réveiller en vous les pulsions créatrices englouties.

Mais peut-être qu’Harry n’existe pas… Il ne serait qu’une instance psychique de Michel, ce qui explique son ahurissante mémoire du poème d’adolescence. Harry serait cette part de refoulé où sont enfouies toutes les aspirations de jeunesse que la vie a étouffées d’où son accent étranger, il vient « d’ailleurs » et rappelle un autre idéal d’existence. Qui n’a pas rêvé un jour  d’étouffer ses parents ou son frère (particulièrement quand celui-ci gauchit ce qui nous est sacré ).

Cette interprétation, qu’un ami avocat et romancier m’a soufflée est, semble-t-il, d’autant plus pertinente que le processus de création passe toujours par une levée du refoulé et une forme de meurtre : « tout roman est un crime de l’auteur sur lui-même » O.Wilde

LES VIDEOS 
: en première sélection : deux perles grinçantes !
 
Freeway
 
La version ultra moderne du « Petit Chaperon Rouge »
Produit par Olivier Stone

Grand prix Cognac 97

Prix de la critique
Prix de l’interprétation féminine pour Reese Whiterspoon.
  Bernie Le premier film d’Albert Dupontel
(96), l’histoire déjantée d’un orphelin jeté par le vide ordure le soir même de sa naissance et qui s’invente des parents modèles qu’il séquestre !
Avec Hélène Vincent ( La vie est un long fleuve tranquille)
Et Roland Blanche ( Beaumarchais, l’insolent ; Le Jaguar)

 


Autour du diable :
 
La beauté du diable

de René Clair 1950

( la légende de Faust revisité)

L’associé du diable
de Taylor Hackford (98)
Le projet Blair Witch de Daniel Myrick et Edouardo Sanchez ;  prix de la jeunesse Cannes (99)
Pour rire
  La famille Addams (91)
Les dix commandements
 
Salo ou les 120 journées de Sodome
Pier Paolo Pasolini (1975)
La dernière tentation du Christ

de Martin  Scorsese (88)

le film qui provoqua l’incendie du cinéma Saint Michel !

Seven « Sept péchés capitaux, sept façons de mourir » de David Fincher
Enfer fantastique
 

Cube

de Vincent Natali (99)

« Ne cherchez pas une raison, chercher une issue la solution est en vous »

Réflexion sociale et humaine

 
La vie rêvée des anges
d’Eric Zonca ; Cannes 98 Double prix de l’interprétation et César 99 du meilleur film
Rosetta de Jean Pierre et Luc Dardenne,  primé à Cannes, 2000
Ça commence aujourd’hui
Bernard Tavernier 99
Central do Brasil de Walter Salles ; Ours d’Or Berlin 98
Autour de la folie supputée ou explorée
 
Les Idiots
de Lars von Trier ; sélection officielle Cannes 98

Vol au-dessus d’un nid de coucou
Milos Forman ; 5 Oscars 75
Enfer familial
  Tatie Danielle d’Etienne Chatilez 90
Sur la méchanceté des vieux
Cookies Fortune de Robert Altman (avec Glen Clos)
Sur la méchanceté des vieilles filles
Sur un ton beaucoup plus violent  et touchant le drame de l’inceste :
 
Festen

de Thomas Vinterberg 98

«  fête de famille »

Dérives infernales du développement des  sciences et techniques
  Bienvenue à Gattaca
«  Un seul critère de sélection :la perfection génétique » Film de Andrew Niccol
Denise au téléphone
de Hal Salwen 95
 

La technologie a des effets pervers insidieux.

Les individus, rivés à leur ordinateur et leur téléphone portable, ne communiquent plus que par instruments interposés. Au sens propre ils ne se voient plus, ils échangent des e-mails et des coups de téléphone : la sensualité et les fantasmes investissent ce nouveau mode de rapport : les individus deviennent très sensibles au rythme de la frappe, au ton de la voix, mais ils ont perdu le sens de la présence et la spontanéité des corps en présence. La solitude renforce les défenses ; la crainte de déplaire ou d’être déçue fait achopper les véritables rencontres.

Fantasmant la paternité sans l’assumer, des hommes offrent leur sperme à des inconnues, par tubes à essai interposés.

Soumission à l’autorité scientifique
 
I comme Icare
Henri Verneuil (1979)
 

Parmi les thèmes évoqués : une séquence intéressante de soumission à l’autorité scientifique :

Si mes souvenirs sont bons…deux candidats attendent, au hasard l’un est choisi comme collaborateur dans l’expérience menée par un homme en blouse blanche qui semble avoir tous les attributs du professeur. Le collaborateur est placé derrière un pupitre avec des manettes reliées à des électrodes branchées sur l’autre individu qui va servir de « cobaye » : ce second personnage doit répondre à toute une série de questions que lui énonce le premier sous la surveillance du professeur ; s’il y a erreur dans les réponses le collaborateur doit administrer comme sanction une décharge électrique à l’homme qui est interrogé. Et les décharges sont de plus en plus puissantes à mesure des erreurs, jusqu’à atteindre des doses clairement indiquées comme mortelles. Le  collaborateur, tout en manifestant certains conflits de conscience, ne se révolte pas contre l’autorité scientifique, il ne dénonce pas l’inhumanité du procédé, il obtempère. A la fin de la séquence seulement nous apprenons que le « cobaye humain » est un acteur payé par le laboratoire pour simuler les électrochocs, le « collaborateur » étant (finalement) celui sur lequel est testée la puissance de la soumission à l’autorité, soumission d’autant plus importante que le rapport d’homme à homme est médiatisé par la machine. Tous ne sont pas capables de tuer ou de torturer à pleines mains, une répulsion physiologique retient souvent. Mais la machine lève cet obstacle viscéral et rend le crime abstrait.

Ces tests psychologiques de soumission à l’autorité ont été mis en place après la seconde guerre mondiale pour mieux comprendre la docilité des personnels qui ont mis en œuvre « la solution finale »( militaires, scientifiques, administratifs)

Sur la guerre
  Le Capitaine Conan de Bertrand Tavernier (96)
Les sentiers de la Gloire
de Stanley Kubrick (57)
La grande illusion
de Jean Renoir (1937)
Le pont de la rivière Kwaï
de David Lean (1957) adapté du roman de Pierre Boulle.
"Tous les moyens sont bons"
  True Romance de Tony Scott  écrit par Quentin Tarrentino

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