La correction des concours !!
Quand les dés sont jetés, faut-il retourner les cartes ?

(en fonction des demandes qui nous nous ont été faites par Mail)

 
EDHEC
Nous est-il permis de juger autrui ?   
EM LYON
Autrui est-il ce qui reste quand on a dépouille l’autre de tout ce qui fait sa singularité ?
ESC, Premier sujet
La perception d’autrui évolue-t-elle avec le progrès technique ?
ESC, Second sujet
Dans le bonheur d’autrui je cherche mon bonheur » Corneille Pompée,
ESCP/HEC
AUTRUI est-il seulement celui que je vois ?
ESSEC
La peine d’autrui

EDHEC :

  Nous est-il permis de juger autrui ?    

Juger l’autre : c’est aussi bien

Le libellé du concours demande « s’il nous est permis de juger autrui ? »

Il faut donc réfléchir à ce qui pourrait empêcher, interdire, rendre illégitime ou vain le jugement d’un homme (ou d’une communauté -Nous-) sur un autre.

Mais, en même temps, il faut se demander s‘il n’y a pas un devoir de juger : ma responsabilité envers autrui m’impose de décider qui est la victime à secourir et qui est le bourreau à châtier.

EBAUCHE D’UNE PROBLEMATIQUE :( bien évidemment il y a mille façons d’entrer autrement dans le sujet…)

Dans tout jugement s’exprime une évaluation, c’est-à-dire une échelle de valeurs ( d’autres diraient : une mentalité, une idéologie), …

Les philosophies de Nietzsche et de Sartre ne cessent de souligner que chacun décide de ses valeurs ; les jugements que nous portons sur les autres, tout en manifestant ce que nous sommes, ne sont-ils pas, par nature, inadéquats, vains, ( et j’aurais envie de dire : impertinents ). La transcendance de la liberté de chacun ne rend-elle pas toujours les jugements extérieurs réducteurs et infondés ?

Pourtant qui pourrait nous juger sinon Autrui ? ( La pièce Huis Clos montre les affres dans lesquelles Garcin se perd quand il tente par lui-même de juger ses actes).

Et le devoir de responsabilité et de solidarité envers les autres (les victimes ) n’impose-t-il pas de juger les coupables ?

ANALYSE :

Le sujet est classique, il reprend des questions récurrentes en philosophie :

 Respecter autrui est-ce s’interdire de le juger ?

 Faire cas de sa différence ( sa singularité) c’est censurer en nous la tendance pragmatique qui consiste à rabattre l’inconnu sur des normes communes.

Juger, c’est prétendre définir par des étiquettes usuelles  ce qui se présente d’abord comme énigme à déchiffrer !

Mais cet effort d’ouverture pour entrer dans l’histoire personnelle de l’autre ( ses priorités et ses évaluations) ne conduit-il pas forcement à admettre tous ses comportements comme cohérents, et dans leur logique propre, compréhensibles…

Comprendre autrui  est-ce tout lui pardonner ?

Dans la dernière partie de la dissertation Faut-il aimer le prochain ? et la fin de Qui sont les autres ? Nous avions déjà évoqué l’analyse de Lévinas qui pointe l’écartèlement dans le quel nous tient notre responsabilité envers autrui dès que nous sommes confrontés à une pluralité de visages.

Tout le problème de la Justice tient justement au fait que les incomparables doivent être comparés et qu’il faut trancher (coupable /innocent ; victime/ bourreau).

Il n’y a as de société, Il n’y a pas de possibilité de coexistence collective pacifiée, sans justice. Mais la Justice des hommes n’est toujours qu’une approximation de l’idée (idéale) de justice, d’où la propension des hommes à placer dans les cieux un Dieu de Justice et de Bonté qui sonde le fond des cœurs et connaîtrait chacun dans sa vérité.

Pour les « cubes », le beau texte de l’Etranger de Camus pouvait être sollicité puisque le juge passe complètement à coté de la sensibilité singulière de Meursault.

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EM LYON

 

Autrui est-il ce qui reste quand on a dépouille l’autre de tout ce qui fait sa singularité ?

Première réaction : il fallait sentir que si « autrui» n’est que « cela » c’est le produit d’une pure abstraction et on peut craindre que ce processus intellectuel ne passe à coté la réalité de l‘autre.

Le sujet semble laisser entendre qu’on peut opposer ces deux termes : autrui / l’autre, derrière l’usage savant et juridique du terme « autrui » s’insinuerait un mépris de l’autre dans sa réalité concrète « Autrui »deviendrait un concept théorique, général dont il faut se méfier alors que l’usage banal de la langue laissait peut-être plus de chance à l’autre homme de manifester ce par quoi il est à la fois autre et semblable.

Le terme « dépouiller » peut être lu très péjorativement

 Dépouiller : C’est dérober à l’autre ce qui lui revient, ce qui lui est propre et ici essentiel : sa singularité.

La singularité est ce par quoi un être est unique, non-substituable, irremplaçable.

Cette singularité est-elle mise à mal par les législations et les propos universalistes qui se rapportent à autrui en général ?

 C’est tout le problème….

Visitons quelques pensées classiques :

 Sans doute faut-il opérer une distinction entre particularité et singularité :

La singularité se distingue de la particularité qui regroupe des traits caractéristiques de quelques-uns

alors que chacun est singulier)

·      Pour Rousseau les hommes rassemblés pour décider des lois qui assureront les conditions d’une coexistence pacifique doivent savoir faire taire en eux leurs intérêts particuliers et corporatistes pour ne viser que l’intérêt général.  John Rawls commentant cette idée utilise une image : il faudrait que chacun décide des lois « sous un voile d’ignorance » c’est-à-dire en ignorant la figure individuelle qu’il incarnera dans la future société ( vieillard ou jeune homme, handicapé ou bien portant, besogneux naïf et docile ou de nature entreprenante et ambitieuse) Chacun devrait décider des lois en gardant en mémoire la pluralité des profils humains qui compose l’humanité de sorte que tous trouvent à épanouir harmonieusement leur singularité dans la nouvelle société issue du Contrat.

Mais les dérives de la Terreur révolutionnaire ont montré que le souci de l’intérêt général pouvait prendre des manifestations terriblement discriminantes ( « la Révolution n’a pas besoin de chimiste ! »)

·      Pour Kant, il n’y a pas d’incompatibilité entre la reconnaissance de la singularité du sujet éthique et l’impératif catégorique qui commande d’agir selon une maxime qui soit universalisable sans contradiction.

Par contre dans sa façon de refuser toute exception à cette règle, quelles que soient les circonstances singulières, il semble bien que Kant passe à coté de la réalité concrète de l’oppression. c’est l’objection que lui fait Benjamin Constant .

·         Pour Kant, nul ne doit jamais mentir, même pour sauver un honnête homme car nul n’a de droit particulier sur la vérité qui est un bien universel.

·         Pour Benjamin Constant, on ne doit la vérité qu’à ceux qui sont dignes de la vérité : il n’y à aucune faute à mentir à un tyran pour sauver la vie d’un honnête homme. Il faut admettre des exceptions aux règles générales qui dictent quels doivent être nos rapports avec autrui.

 Résumons :

1) à force de vouloir parler en général des hommes et, par exemple, du respect qui leur est dû en tant qu’homme, les législations universalistes n’ont- elles pas péché par abstraction, se dotant d’un arsenal de déclarations ( Droits de l’homme… ou impératif catégorique kantien ) qui ne permet pas de protéger concrètement les individus singuliers.

C’est la critique qui fut faite à Kant par des individus aussi différents que Benjamin Constant, Hegel, Charles Péguy, ou Sartre (voir L’existentialisme est un humanisme résumé dans le site)

2) Mais toute la philosophie de Lévinas montre qu’il n’y pas de rapport authentique à autrui sans ouverture au mystère de son irréductible différence.

Il y a donc comme une tension entre l’usage législatif du terme « autrui » (cf. notre première rubrique dans la présentation de la notion) et le vécu existentiel dans lequel se manifeste le rapport à autrui ; c’est sans doute pour cela que la littérature et la phénoménologie sont plus aptes à saisir la singularité d’autrui.

 Leçon :Peut être ne faut-il pas se contenter de vouloir régler les rapports entre les hommes par des lois générales. Jamais les lois ne dispenseront chacun d’entre nous du devoir éthique de responsabilité.( et de vigilance envers autrui). La multiplicité des visages de l’autre force à se méfier des traitements généraux et simplificateurs.

Pourquoi a-t-on choisi un tel sujet ?

Il est classique (Critique de l’universalisme kantien).

Mais il alerte aussi les étudiants (et citoyens) sur un débat d’actualité ( NB : je déconseille de construire toute une partie sur ces thèmes d’actualité -justement parce qu’ils sont polémiques-…

Mais rien n’empêche( au détour d’une analyse classique et argumentée par des exemples littéraires ou historiques) de pointer l’actualité pour montrer que vous saisissez l’analogie.

Les revendications féministes concernant la parité d’une part, et les pressions des groupes homosexuels pour faire évoluer la définition traditionnelle de la famille d’autre part, ont prouvé que les lois générales pouvaient être vécues comme discriminantes justement vis à vis de ceux qui sentaient leur singularité négligée par ces lois.

 Ce corrigé n’est évidemment pas exhaustif

Les réflexions des ethnologues sur ethnocentrisme auraient pu aussi être revisitées,

Par exemple la polémique autour de l’excision des petites filles :

Le respect dû à la différence culturelle doit-il aller jusqu’à accepter une violation du droit de chacun à disposer de l’intégrité de son corps ?

Faut-il reconnaître les droits de l’homme comme universels et parler pour cela de droits naturels (comme Léo Strauss) ou faut-il les considérer comme des manifestations seulement particulières de la mentalité occidentale?

(Ma) réponse :quand on dépouille un individu de ses particularités culturelles reste ses potentialités rationnelles : les voyages et les comparaisons entre les différents systèmes culturels permettent à chacun de mieux cerner les conservatismes et les effets oppressifs de nombreux rites traditionnels. l’identité individuelle est en perpétuelle construction. La singularité valorise une définition ouverte de l’identité individuelle (« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger ») alors que la défense les « particularismes » recroqueville trop souvent les individus sur des manifestations sclérosées de la différence culturelle.

ESC,

Premier sujet : La perception d’autrui évolue-t-elle avec le progrès technique ?

 

Pensez aux effets (pervers ou non) du progrès des techniques sur les relations humaines et intersubjectives.

ANALYSE DU SUJET

Le terme de perception peut être pris dans un sens large ( contact, rapport, appréhension, interprétation)

ou au sens propre ( vision, image)

Autrui peut revêtir bien des figures différentes :

Evolution : toute évolution n’est pas d’emblée, forcément, une amélioration, par contre « évolution » signifie changement : L’éthique ne serait-elle pas a-temporelle ? Les règles et les évidences de comportement envers nos semblables seraient-elles altérées par les nouvelles possibilités techniques ? 

Faut-il opérer un dépoussiérage, une redéfinition de la morale ?

 Exemples

Le progrès technique

Gardez en mémoire le B-A BA du cours sur la technique de votre classe de terminale :

La technique est puissance des contraires : le meilleur médecin serait aussi le meilleur empoisonneur.

D’où la nécessité d’encadrer l’usage des techniques par une rigoureuse déontologie.

Soyez conscients que la technique est l’ensemble des moyens mis en œuvre en vue d’une fin, quel que soit le domaine d’appartenance de cette fin. Il faut analyser les effets du pragmatisme dans nos rapports à autrui.

POUR LE DEVELOPPEMENT

(les pistes sont multiples et beaucoup de films peuvent être sollicités …)

 Et d’abord Denise au téléphone de Hal Salwen, (1995)

Les individus rivés à leur ordinateur et leur téléphone portable, ne communiquent plus que par instruments interposés. Au sens propre ils ne se voient plus, ils échangent des e-mails et des coups de téléphone : la sensualité et les fantasmes investissent ce nouveau mode de rapport : les individus deviennent très sensibles au rythme de la frappe, au ton de la voix, mais ils ont perdu le sens de la présence et la spontanéité des corps en présence, la solitude renforce les défenses, la crainte de déplaire ou d’être déçue fait achopper les véritables rencontres.

Fantasmant la paternité sans l’assumer, des hommes offrent leur sperme à des inconnues, par tubes à essai interposés.

 Vous auriez pu parler aussi de la polémique sur les trafics d’organes, le corps humain devenant une simple marchandise dont le prix varie selon la loi de l’offre et de la demande (Centra do Brasil l’évoque brièvement comme un fléau supplémentaire s’abattant sur la misère)

Mais il n’y a pas que le trafic commercial d’organe, il y a aussi la générosité du don d’organe par lequel des hommes offrent à des parents ou à des inconnus le cadeau de la vie :

Le beau film de Pedro Almodovar Tout sur ma mère (1999) souligne -entre autres...- le déchirement d’une mère travaillant dans une unité de don d’organes et qui assiste à la sortie d’hôpital de l’homme qui a bénéficié du cœur de son fils.

Dans les effets pervers un film plus ancien, Mon oncle d’Amérique (1976) Alain Resnais montre une séquence de soumission à l’autorité scientifique :

Si mes souvenirs sont bons…deux candidats attendent, au hasard l’un est choisi comme collaborateur dans l’expérience menée par un homme en blouse blanche qui semble avoir tous les attributs du Professeur, le collaborateur est placé derrière un pupitre avec des manettes reliées à des électrodes branchées sur l’autre individu qui va servir de « cobaye » : ce second personnage doit répondre à toute une série de questions que lui énonce le premier sous la surveillance du Professeur, s’il y a erreur dans les réponses le collaborateur doit administrer comme sanction une décharge électrique à l’homme qui est interrogé. Et les décharges sont de plus en plus puissantes à mesure des erreurs, jusqu’à atteindre des doses clairement indiquées comme mortelles. Le  collaborateur, tout en manifestant certains conflits de conscience, ne se révolte pas contre l’autorité scientifique, il ne dénonce pas l’inhumanité du procédé, il obtempère. A la fin de la séquence seulement nous apprenons que le « cobaye humain » est un acteur payé par le laboratoire pour simuler les électrochocs, le « collaborateur » étant (finalement) celui sur lequel est testé la puissance de la soumission à l’autorité, soumission d’autant plus importante que le rapport d’homme à homme est médiatisé par la machine, Tous ne sont pas capables de tuer ou de torturer à pleine main, une répulsion physiologique retient souvent. Mais la machine lève cet obstacle viscéral et rend le crime abstrait.

D’ailleurs ces tests psychologiques de soumission à l’autorité ont été mis en place après la seconde guerre mondiale pour mieux comprendre la docilité des personnels qui ont mis en œuvre « la solution finale »( militaires, scientifiques, administratifs)

Pouvaient aussi être interrogés les dérives du tourisme

La modernisation des moyens de transport et de communication, en multipliant des possibilités de contacts au point de transformer le voyage en industrie

Les techniques de communication et de transport  offrent aux hommes la possibilité de s’extraire de leur situation géographique et culturelle d’origine pour décider d’appartenir à d’autres communautés et de se lier par d’autres rapports que ceux issus des hasards des naissances. Les progrès techniques offrent en ce sens un véritable moyen de libération pour l’élaboration d’un monde pluriel.

Mais on peut aussi noter des effets d’asservissement de l’homme par l’homme par le biais des techniques

·         avec dépendances accrues entre utilisateurs des machines (Rousseau Discours sur l’origine des inégalités, Marx ou son gendre, Paul Lafargue le Droit à la paresse)

·         des manipulations  de plus en plus subtiles. Derrière la masse des travailleurs, il y a celles des consommateurs dont les profils sont enregistrés par des outils mathématiques qui sont au cœur des nouvelles techniques de ventes.

ESC

Second sujet : « Dans le bonheur d’autrui je cherche mon bonheur » Corneille Pompée,

 Quel est mon rapport au bonheur de l’autre (des autres) ?

Généreux ou intéressé

Puis-je m’assurer du bonheur d’autrui, ou suis-je toujours prisonnier des images stéréotypées et des apparences de bonheur?

Est-ce qu’en faisant le bonheur d’autrui, je fais (ou espère faire) mon bonheur (individuel)  parce que fondamentalement l’un ne va jamais sans l’autre; les destins particuliers étant liés collectivement ? ( le registre politique devra alors être visité)

Ou désespérant d’être heureux je me console en tâchant d’augmenter le bonheur des autres (je vis par procuration ou encore j’éprouve le plaisir –amer et enivrant- du sacrifice). Et il est vrai que faire du bien à autrui nous fait du bien… (c’est sur cette évidence « sensible » que Rousseau fonde son « optimisme politique »)

Mais faut-il peut-être envisager une autre possibilité : L’apparence de bonheur des autres (d’un autre singulier ou singularisé -pub, Star-) a pour effet que je calque sur eux le modèle du bonheur auquel j’aspire : Dans ce cas il ne s’agit plus de charité bienveillante mais d’envie et d’imitation qui peuvent peut-être me conduire bien loin d’un développement authentique de moi-même ?

 Voyez la correction de la dissertation « faire le bonheur des autres ? »

Dans la pièce de Corneille  (où n’apparaît pas Pompée, mais où l’annonce de son assassinat participe à l’intrigue) l’intérêt personnel et la Raison d’Etat ne cessent de se croiser.

 Je n’ai pas encore retrouvé la citation; si quelqu’un connaît ses références contactez-moi …( ce n’est pas II 3 ! )

ESCP/HEC

AUTRUI est-il seulement celui que je vois

L’identité d’autrui est-elle réductible à ce que je perçois de lui ( son apparence extérieure ou son comportement) ne faut-il pas plus de vigilance ou de générosité dans mon jugement ? (cf. le masque, l’hypocrisie, le « for intérieur » dans l ‘analyse du thème)

Mais on peut entendre aussi le sujet autrement :

Faut-il réserver l’usage du terme « Autrui » (et les connotations de préoccupations morales qui lui sont liées) à l’homme qui fait irruption, ici et maintenant, dans mon champ de vision ou bien faut-il s’efforcer d’élargir notre préoccupation à ceux qui demeurent plus lointains ? L’immédiateté de la présence à moi confère-t-elle à l’autre une forme de privilège sur ceux dont le sort ne me touche pas actuellement ? Est-ce à bon droit que la présence immédiate d’un autre enclenche une forme de préséance sur les autres ?...  (C’est un des problèmes de la Justice pour Lévinas)

Cependant, est ce que tout type de regard me permet d’établir un contact authentique avec autrui ?

Un regard inquisiteur et objectivant sera à distinguer d’une vision d’ouverture au mystère de l’altérité : vous pouviez opposer les exemples de Sartre et de Lévinas sur ce point…

Puisque les pistes de lecture et de problématiques sont multiples Toute la difficulté est de construire un itinéraire de réflexion unifié et cohérent.

ESSEC

La peine d’autrui

 Il faut évidemment jouer avec le génitif objectif et subjectif :

PROBLEMATIQUE

 Si l’isolement ( qui tient écarté des autres) est tout aussi douloureux que leur contact, cette peine (qui a doublement autrui pour cause) signifie-t-elle le tragique de notre condition d’homme. Faut-il y voir la preuve de la nécessité de s’affranchir de l’enfer des rapports humains ?

 PROPOSITION DE PLAN (LAPIDAIRE)

I) La peine qui vient du sentiment de solitude c’est-à-dire du manque d’autrui ( voir la correction « Peut-on exister sans les autres ? »)

 L’anonymat,  la solitude des grandes villes ou des situations d’isolement forcé pouvaient donc être sollicité, j’aurai privilégié :

a)    Dans le Banquet de Platon le mythe de l’androgyne avec les douleurs de « la moitié  à la recherche de son autre moitié »

 

b)   L’effroi de Robinson resté volontairement sur son île lorsqu’il comprend que Vendredi a rejoint le White Bird

c)   Une transition avec Rousseau ( Les rêveries du promeneur solitaire) qui souffre de se croire victime d’un complot destiné à le salir.

   Paradoxalement donc, on peut être physiquement seul et, par imagination, être encore peiné par autrui.

II° )Les rencontres qui peinent (dans tous les sens du terme [ qui achoppent] : voyez la Solitudes dans les champs de coton, Koltès dans les fiches de lecture)

a)    La honte aurait pu aussi être analysée à la façon de Sartre, avec tout un passage sur les rencontres conflictuelles et douloureuses ( Huis clos) par contraste avec la nostalgie que laissent les rares « Moments parfaits » (théorisés dans la Nausée par exemple)

b)    Ce contraste entre la réalité douloureuse de nos rapports avec autrui et notre désir de compréhension intime pouvait permettre de basculer sur la question de Dieu :  cet Autre qui incarne  à la fois la voix de la conscience qui accuse et le désir d’être compris jusque dans les moindres ambiguïtés de nos intentions  ( Critique sartrienne de la foi)

 

     c) Ce qui permettait une ouverture sur le Dieu de Pascal :Dieu caché mais sensible au cœur par l’expérience du manque, de la frustration, et de la peine (puisque rien en ce monde ne peut étancher notre soif d’absolu  [ soif d’Autre chose…]

III) La souffrance de l’autre

a)     Cette ouverture à l’Autre par la conscience de la finitude s’exprime différemment chez Lévinas :

Vous pouviez construire votre dernière partie sur l’expérience du visage c’est-à-dire, pour Lévinas, l’expérience de la vulnérabilité et du dénuement fondamental sur laquelle reposent pour lui non seulement toute l’Ethique mais toute la philosophie puisque l’Ethique est philosophie première.

b)     Ce qui permettait en fin de course de récupérer le drame de celui qui souffre dans la solitude sans pouvoir communiquer son mal.

c)    Ainsi que toutes les situations de Bouc–émissaire où une société apaise ses propres craintes et tourments  par le lynchage d’un autre. (Voir la dissertation « Qui sont les autres ? »)