Le masque d'Actéon le Cornu, Fresque de Pompéi (détail), Naples, Musée National. La condamnation du théâtre par Platon
(République III, 394 et X, 604-6)

Platon chasse les poètes de sa République et condamne dans le comédien un être multiple, flottant, dont la capacité à tout imiter révèle la légèreté et la superficialité ( alors que la perfection de la performance de l'artisan suppose au moins une compétence exclusive qui renvoie chez Platon à une affinité de nature.

Cette condamnation du théâtre se retrouve sous la plume de Bossuet au chap. XIV des Maximes et réflexions sur la comédie. Il faut que l'acteur " forme en dedans " les passions dont il veut " porter au dehors l'expression " ; " le spectateur rentre ainsi dans la même disposition d'esprit… ce qui n'est pas autre chose que d'arroser de mauvaises herbes qu'il fallait laisser dessécher " c'était déjà le sens de la condamnation du théâtre par Platon… République X 604.

Platon proscrit comme indigne d'un homme de bien les imitations où le corps de l'acteur accepterait de se faire l'empreinte de réalités inférieures à ce qu'une nature accomplie doit être. Le seul théâtre admit par les lois de la République devait se cantonner à chanter, dans une forme plus narrative que dramatique, les belles actions des héros (c'est-à-dire celles où ils montrent toute leur maîtrise.).

Dans ce théâtre moralisant et pédagogique ce sont tous les exercices des écoles contemporaines de théâtre qui sont par anticipation condamnés. Platon interdit l'imitation du tonnerre, du clapotis de l'eau, des animaux, c'est-à-dire tous les exercices de " son et mouvement " où il s'agit de donner à voir et à sentir un objet réel ( collier, échelle), un lieu ( le désert, la mer), un animal par le seul jeu du corps de l'acteur, sans le recours aux mots. Ces exercices ont pour but d'augmenter l'assurance et l'aisance dans l'expression corporelle, le corps de l'acteur doit apprendre à avoir en quelque sorte " une idée claire des choses " ; un tel travail " muscle l'imaginaire " et permet une composition plus riche du personnage incarné.