Le colporteur
Marie Christine Arn, Tom Tirabosco,1999
www.editions-delcourt.fr

" LA VIE N'EST QU'UNE OMBRE EN MARCHE "

Tout commence par une bourrasque qui retourne tout sans dessus dessous, dans ce désordre un homme se sent pris au piège de son passé; le décor de son enfance s'est effondré. Dans les décombres Umberto cherche en vain une porte de sortie. Mais il est difficile de tracer des perspectives lorsqu'on manque de fondation. Le jeune homme pense au suicide
C'est alors qu'il rencontre un personnage étrange : le colporteur Géronimus, imprimeur d'images et d'histoires. Tel un Méphistos de pacotille, Géronimus tend au jeune homme les cartes et arcannes destinées à changer le cours de sa vie. Mais il faut pour cela commencer par rentrer dans " le ventre de cette maison " et affronter sa peur. Dans ce parcours initiatique Umberto sera aidé par Nina, un petit rat aux formes féminines.
Suit une longue régression salvatrice pour retrouver la terre ferme. Dans une scène "totémique",Umberto affronte l'autorité meurtrière de son père ; il retrouve aussi, à mi-chemin entre le souvenir et la réalité, la tendresse du sourire de sa mère, ainsi que toutes les scènes capitales de son enfance. Umberto est maintenant prêt à partir.
Mais la vie qu'il découvre à New York est encore jalonnée de signes énigmatiques ; tout se passe comme si son parcours était déjà fléché, prémédité : " Pourquoi avais-je encore le sentiment d'être observé même la dernière lumière éteinte ? ".
Umberto depuis toujours rêve d'être acteur mais pour son père : " Quelqu'un qui s'accapare l'histoire des autres est un malade ".Umberto lui ne se sent vivre véritablement que lorsqu'il jouDescendu de scène il a l'impression de n'être plus que le spectateur de sa vie "e ; " . ( lire à ce propos Se trouver de Luidgi Pirandello).Umberto auditionne Macbeth et obtient le rôle du Roi.
Lorsque " les applaudissements retentirent il se sentit plus puissant qu'un roi ". Mais loin de la scène la peur de nouveau lui ronge le ventre : " Apprendre à m'accrocher à ce qui m'entoure, à cette réalité. La solution ne peut venir que de là ". Mais Umberto, aveuglé par son propre désir d'accomplissement loupera la rencontre avec une authentique Nina.
A moins que toute cette histoire ne soit que la représentation de la dernière crise d'identité : celle par laquelle un homme assume enfin d'oser construire un rêve au delà des ornières de l'absurdité de la vie. : " il faut rêver sa vie et vivre ses rêves ! " Claude Lelouch, Viva la vie