Régis Debray, dans Vie et Mort de l'image souligne que la télévision est devenue un terrible instrument de discrimination des individus sur leur seule apparence. C'est le diktat du "Look"
( Dans 99 Francs,
F. Beigbeder complétait d'ailleurs ironiquement l'analyse..." Finalement
les nazis ont gagné : même les blacks se teignent les cheveux en
blond. Nous nous battons pour ressembler à la joyeuse Hilterjugend, avec
des tablettes de Galak sur l'abdomen..." (P. 173.)
"La télégénie est un eugénisme
soft et le racisme du look, le seul qu'on interdit d'interdire. Tout sourire,
le petit-neveu de Mengele sur le quai d'arrivée voit venir à lui
les idées, les personnalités, les morales, les projets politiques,
les oeuvres d'art, les livres en concurrence qui descendent pêle-mêle
du train : gauche, droite ? Screen, pas screen ? Look,
pas look ?
Critère : l'idée est-elle scénarisable ? L'auteur est-il
starisable? Peut-on le transposer sur un plateau, en
feuilleton, bande dessinée, téléfilm ? Les candidats symboliques
à la survie sociale ont une carrière déterminée
par leur valeur d'imagerie respective. Celle-ci mesurera leur coefficient épidémique,
ou leur aptitude à la diffusion, laquelle commande à la programmation."
page 442, Vie et mort de l'image..
Régis Debray précise page 463 ..."Dans tous les lieux publics ( restaurants, théâtres, avions, etc.) la préséance du visage déjà vu quelque part sur le jamais vu nulle part devient de droit" Ce qui signifie qu'indépendamment de leur compétence, les personnalités vues sur le petit écran sont devenues les seuls émetteurs d'avis "autorisés" : ce sont les nouveaux nobles... Ce qui vaut quelques belles aberrations comme l'appréciation des textes sur le visage et la voix de l'écrivain !