... Magie, vous avez dit "magie" !

 

:

Rituel magique contre le mal

Malgré le développement de la pensée scientifique, il demeure encore chez la plupart d’entre nous des traces vivaces d’une pensée primitive magique qui « nous oblige à de dégradantes petites sorcelleries » comme, par exemple, "toucher du bois pour conjurer le mauvais sort".

 K. Lorenz ,page 76 de son livre L’agression, montre que ces gestes ont connu un processus de ritualisation et d’autonomisation qui les a coupés de la conjonction dans laquelle ils apparaissaient d’abord et qui elle, dans son ensemble, avait prouvé une forme d’efficacité contre le mal .

Quand un être vivant ne comprend pas les relations causales, il est très utile pour sa conservation (et celle de son espèce) qu’il reproduise exactement les comportements  qui se sont déjà montrés capables de le conduire sans dommage à un but voulu.

Donc, faute de comprendre rationnellement les facteurs réellement déterminants dans le succès d’une entreprise, le naïf répète scrupuleusement puis, de plus en plus symboliquement, les mouvements qui avaient coutume de conduire au succès (avec le pressentiment que «sinon on ne sait pas ce qui pourrait se passer » !)

On rirait volontiers de ce processus archaïque si K. Lorenz ne soulignait qu’il a des manifestations pathologiques plus inquiétantes.

Conservatisme, fanatisme et peur panique de la nouveauté.

Quand le « rituel » est malencontreusement contrarié, surgit une forme de malaise et d’angoisse accompagnée de mauvais pressentiments.

Les enfants sont fort sujets à ces paniques dès que les enchaînements habituels ne sont plus respectés Ce désarroi est  finalement assez comparable à celui que manifestait l’une des oies apprivoisées de K. Lorenz : ayant oublié de passer « rituellement devant la fenêtre de l’entrée pour prendre la direction de l’escalier, elle sentit sourdre en elle une terrible panique dès la cinquième marche… » L’homme est aussi un être d’habitudes. La tendance au conservatisme est un atavisme naturel. Et l’Histoire prouve que la peur « panique » de la nouveauté a pu rendre les hommes fanatiquement attachés à leurs anciens repères (voir, par exemple, pour l’histoire des sciences, le drame de Giordano Bruno .)