Le cheval s’étant voulu venger du cerf

Jean de La Fontaine

 Nous proposons ici une version abrégée que les puristes nous pardonnent ; la version intégrale se trouve au Livre V, fableXIII

Cette fable stigmatise l’attitude de tout ceux qui, pour venger un affront, acceptent le pire joug et perdent leur liberté.

[…] Lorsque le genre humain de glands se contentait,

Ane, cheval, et mule aux forêt habitaient ;

 Et on ne voyait point comme au siècle où nous sommes,

Tant de selles et tant de bâts

Tant de harnois pour les combats

Tant de chaises et de carrosses. ;

Comme aussi  ne voyait-on pas

Tant de festins et tant de noces.

Or un  cheval eut alors un différend

Avec un cerf plein de vitesse ;

Et ne pouvant l’attraper en courant,

Il eut recours à l’homme, implora son adresse.

L’homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos

Ne lui donna point de repos

Que le cerf fut pris et n’y laissât la vie ;

Et cela fait le cheval remercie

L’homme son bienfaiteur, disant […] ; Adieu je m’en retourne dans mon séjour sauvage.

-non pas cela dit l’homme… Je vois trop quel est votre usage.

Demeurez donc vous serez bien traité

                    [….]

Le cheval s’aperçut qu’il avait fait folie ;

Mais il n’était plus temps ; déjà son écurie

Etait prête et toute bâtie.

Il y mourût en y traînant son lien :

Sage, s’il eût remis une légère offense

Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,

C’est l’acheter trop cher que l’acheter d’un bien

 Sans qui les autres ne sont rien.