Méthodologie :

Prenez la dissertation comme un jeu de mise en scène :l’exercice sera moins fastidieux pour vous, et la lecture, plus plaisante pour le correcteur … c’est toujours  « payant » !

Donc vous êtes  dans la peau d’un metteur en scène, : vous devez réaliser un court métrage sur cette question, il va falloir trouver des situations, des confrontations entre des personnages et de points de vue dynamiques et signifiants

Repérez les différents registres où la question  se pose : Esthétique, Morale, Politique, Histoire Epistémologique ( discours sur l’histoire des sciences,) Religion, Linguistique etc. …

 

Déclinez toutes les expressions approchées, laissez-vous porter par votre imagination, « Ratissez » large : toute votre culture ( historique, littéraire, religieuse, cinématographique) et votre  bon sens pratique sont  en éveil. Jouez aussi les synonymes, les antonymes et surtout poussez jusqu’au bout toutes vos hypothèses pour voir les conséquences de vos positions…

 Par exemple, face à la question : Peut-on dire qu ’un être vivant est une erreur de la nature ?

Si vous  rassemblez des arguments  affirmatifs,  soyez conscient que cela conduit à accepter l’élimination pure et simple de ces individus considérés comme des erreurs (eugénisme) ….

 

 Dites- vous d’emblée que si la question est posée comme sujet de devoir, c’est que la réponse n’est pas simple. La première solution de réponse, celle qui semble s’imposer à vous avec évidence est forcément insuffisante, il faudra la nuancer, voir ses limites : ce sera l’occasion d’ouvrir un autre champ de perspective ( une seconde partie…).

En général  défaites-vous des expressions : «  Il est clair que  … », Rien n’est jamais si clair ni évident  en philosophie, il y a  toujours des raisons de pousser plus avant l’analyse ! Soyez futé et circonspect.

 Concrètement quand le sujet prend la forme d’une question déjà rédigée ( et non d’un simple concept ou d’une juxtaposition de concepts),  il faut chercher par quel type d’argument on peut répondre oui à la question, et par quel autre type d’argument on peut répondre non  et présenter ainsi le problème en introduction, c’est ce qu’on appelle la Problématique. Elle révèle une opposition frontale entre deux thèses également argumentables. Le développement  devra aboutir à un dépassement de cette opposition frontale, une résolution du problème qui montre que vous avez saisi  à la fois :

-  la partialité des deux analyses ;

-   leur  complémentarité ;

-   et en quoi elles méritent toutes deux d’être enrichies, c’est à dire dépassées dans une troisième partie.

Pour le dire schématiquement :  

     Le développement ne peut pas obéir à la triade

1)oui

2)non

3)peut-être bien qu’oui, peut-être bien que non !

 Vous  ne devez jamais vous contredire, vous devez pouvoir argumenter solidement tout ce que vous écrivez. Il est contraire à l’esprit de l’exercice de développer une première partie qui ne tient pas debout pour la déconstruire  ensuite….

Quand le sujet de  dissertation se présente sous une autre forme  ( notion isolée, deux ou plusieurs notions juxtaposées, une citation) il faut faire surgir vous-même une question qui se prête à une analyse problématique. Voyez dans la présentation du thème « autrui » notre travail sur l’animal et l’autre…

  Une évidence à garder toujours  en mémoire avant de prendre la plume :

  L’écriture est un type de communication faillée par l’absence :

 Le lecteur n’est pas présent au moment de l’écriture,  et celui qui rédige  n’est plus présent à la lecture  pour défendre sa copie (  Votre devoir  doit donc  se défendre  par  lui-même  par  la qualité de ses arguments)

 En conséquence, en situation de concours, l’étudiant  qui rédige doit sans cesse garder à l’esprit le souci du lecteur : 

Trois obsessions :

1)S’ennuie-t-il ? ( parce que je répète les mêmes idées sans avancer) ;

2)Me comprend-il ? (suis-je assez précis dans l’usage des  concepts ;

3)Est-ce que je n’élude pas une objection de bon sens qui lui brûle la langue !

CE QU’IL FAUT FAIRE                                 

CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE

·      Partir du (des ) contexte(s) dans le(s)quel(s) la question se pose

·    Prendre le sujet comme un tout et  pointer les rapports entre les notions    

·    « la pensée est le dialogue de l’âme avec elle -même »Votre devoir doit être animé par le souffle de votre réflexion. Vous dialoguez avec vous-même, vous mettez toute votre intelligence et votre culture au service d’un premier point de vue (ainsi vous l’argumentez et vous l’illustrez)  et quand vous avez épuisé tout ce que vous pouvez dire en sa faveur, vous jouer l’avocat du diable et vous pointez les limites de cette position. Vous formulez ainsi une objection qui sert de transition  vers une nouvelle partie  et ainsi de suite

·    ( En 4 heures il est matériellement difficile  d’organiser, d’argumenter et d’illustrer  plus de 3 points de vue sur la question) .

·    Commencer par des banalités insipides que vous pourriez replacer quel que soit le sujet

·    désarticuler le sujet  en étudiant séparément les notions qui le composent

·    Juxtaposer les parties par argument d’autorité ( Platon a dit que mais Descartes, lui, pense que…)

·    Changer de ton en conclusion : « Quant à moi je pense que… »

 Comme si un autre que vous s’était exprimé jusque là !

Deux exemples de plan sur un même sujet :
       Peut-on exister sans les autres ?

I    LE SOLIPSISME : UNE HYPOTHESE INTENABLE

    L’homme,  animal culturel, porte la présence de l’autre au cœur de lui-même.

a) Sans le contact des autres, l’enfant ne développe pas les facultés caractéristiques de l’espèce et notamment la parole

b) Même pour un être déjà formé au contact des autres, l’isolement a des effets régressifs.

c) L’autre par sa présence et même par sa résistance, me force à réaliser toujours de nouvelles possibilités d’existence

Transition : Mais les autres peuvent aussi se révéler des obstacles à notre épanouissement : parfois le salut est dans la fuite

I    LE SOLIPSISME : UNE HYPOTHESE INTENABLE

   

I) L’hypothèse  ne serait même pas exprimable

II) Le « pour autrui » comme structure de la conscience (Sartre)

III)L’absence est encore un mode de présence

( Il est terrible de se rendre compte qu’on n’existe plus pour les autres alors qu’on pense encore à eux.)

Transition :l’homme n’est pas fait pour vivre seul d’ailleurs…  

II LA SOLITUDE SALVATRICE

a) L’aliénation amoureuse cf. La place royale de Corneille

b) La solitude des créateurs

c) Le rapport aux autres dans les arts d’exhibition et de production

II L’ISOLEMENT A DES EFFETS REGRESSIFS

I) Même pour un homme déjà formé l’absence prolongée de contact avec les autres provoque des altérations mentales et comportementales. ( le cas  Robinson et le cas Roquentin )

II)La torture psychique par l’isolement total (Le joueur d ‘ échecs, Stefan Zweig)

III)Le cas des enfants sauvages

 

Transition :  L’homme ne peut épanouir ses facultés  d’homme sans les autres et pourtant la présence des autres peut avoir des effets liberticides. Il faut donc  organiser les règles de la coexistence entre les hommes, car la dépendance produit l’oppression.

III     LE DRAME DE L’EXISTENCE  COLLECTIVE :  LES AUTRES NOUS SONT AUSSI

INDISPENSABLES QU’INSUPPORTABLES

a) l’analyse phénoménologique de la rencontre des consciences (Hegel/ Sartre)

b) La réflexion politique :

1) L’autarcie n’est pas possible individuellement
2) Mais la coexistence  impose  de nombreuses concessions à  l’égoïsme :le paradoxe de l’insociable sociabilité( Kant)

     c)  une solution : le microcosme

III    LES CONSEQUENCES POLITIQUES DE LA NECESSAIRE COEXISTENCE COMMUNE

II) La critique par Rousseau de la thèse de Pufendorf ; l ‘appropriation des terres a induit la dépendance et avec elle, l’oppression.

III) Le contrat social pour assurer la coexistence dans la liberté ? L‘égalité des droits, et la sécurité.